Les séminaires

Dès la fin des années 1970, les jeunes juristes et politologues intéressés par une analyse critique du droit se réunissent régulièrement pour des séminaires de recherche. Ces réunions attirent un auditoire plus large que le noyau des personnes impliquées dans l’Association Critique du droit et la revue Procès. Les thématiques choisies reflètent les intérêts théoriques transversaux du courant Critique et engagent une analyse renouvelée du fonctionnement du droit dans la société : « l’enseignement du droit », « la crise et le droit », « la critique et ses moyens », « la représentation »… Certaines des contributions présentées dans ces séminaires viendront alimenter la revue Procès.
Les séminaires se tiennent d’abord à l’Institut d’études politiques de Lyon ou au Centre Thomas Moore du Couvent des Dominicains d’Eveux, près de L’Arbresle. De 1978 à 1986, le château de Goutelas devient un lieu de réunion privilégié pour les membres du courant Critique du droit. L’aventure de la reconstruction bénévole de ce château ligérien dans les années 1960, à l’initiative de l’avocat lyonnais Paul Bouchet, les réunions qu’y tiennent les magistrats et avocats progressistes du Syndicat de la magistrature et du Syndicat des avocats de France, entrent en résonnance avec les valeurs des membres du courant Critique du droit.
« La tenue de rencontres générales au château de Goutelas-en-Forez, dans la région stéphanoise, de 1980 à 1987, a marqué la vie de l’association. Avec une participation notable dans les premières années - une soixantaine de personnes, dont des collègues étrangers - puis décroissante jusqu’à la septième et dernière réunion. Si les premières ont été animées par des discussions sur les orientations de l’action, les suivantes ont été essentiellement consacrées à des débats de fond, lorsqu’il est apparu que la dynamique du mouvement se trouvait dans les centres de recherche constitués dans son orbite.
Le château de Goutelas a été restauré à partir de 1961, à l’initiative de Paul Bouchet alors avocat à Lyon, par des intellectuels, des agriculteurs engagés dans le syndicalisme paysan, et des syndicalistes ouvriers. De cette entreprise est né un Centre culturel de rencontre, voué aux débats et aux arts.
Des collègues des Facultés universitaires Saint-Louis de Bruxelles (M. van de Kerchove, F. Ost, P. Gérard, etc.) ont assisté à ces rencontres sans pour autant adhérer au mouvement. »

Source : A. Jeammaud, A. Serverin « du mouvement « critique du droit » à la recherche critique sur le droit », Contribution aux Mélanges en l’honneur du professeur Loïc Cadiet / sous la direction de Thomas Clay. Paris :  LexisNexis, 2023, pp. 757-769. ISBN 978-2-7110-3874-9