Goutelas II

Les rencontres de Goutelas II (30 mai - 1er juin 1980) ont été publiées dans le numéro 6 de la revue Procès, numéro thématique "Crise et droit, droits et crise".

Dans la présentation de ce numéro, Jean-Jacques Gleizal en  présente  le contenu ainsi :

"L'équipe de Montpellier (P. Alliès et M. Miaille) traite du concept d'hégémonie et de son rapport au droit ; M. Jeantin (membre du collectif travaillant acutellement sur la restructuration de l'entreprise et le le droit) s'interroge sur le droit commercial de la crise ; quant à A. Roudil (co-auteur du Droit capitaliste du travail, P.U.G. 1980), il essaie de cerner les effets de la crise sur le droit du travail. Entre les différents intervenants il existe certaines divergences ; en lisant les pages qui suivent, le lecteur n'aura pas de réponse définitive à la question que se posent tous les juristes : le droit est-il en crise ? Mais l'objet de Goutelas II n'était pas d'établir une doctrine en la matière. Notre projet était de poser les termes d'une recherche et d'ouvrir la discussion.

A cet égard, ce numéro de Procès est important ; il comprend des interventions sur les exposés.

Que ce soit ici l'occasion de rappeler que notre revue est ouverte aux lecteurs qui, pour nous, sont des rédacteurs potentiels.

Malgré la diversité des positions exprimées sur "la crise et le droit", le lecteur de Procès pourra cependant avoir quelques certitudes. En premier lieu, s'il est vrai que le juriste critique doit saisir le sens d'une conjoncture, le travail théorique depeure une priorité. Goutelas II nous a persuadés que nous devrons persister dans cette direction. L'interrogation ancrée dans les pages qui suivent sur les concepts de crise et d'hégémonie doit se poursuivre de façon systématique sous peine de revenir un jour à l'empirisme que nous dénonçons. Mais, en second lieu, les études empiriques n'en sont pas moins nécessaires. Les contributions réunies ici indiquent une piste qui devrait nous amener à étudier moins la crise du ou des droits que les glissements ou déplacements qui s'opèrent dans les différents champs juridiques.

Goutelas II a aussi été un grand lieu de confrontations internationales. L'article de I. Stewart sur "La théorie du droit en Grande-Bretagne" rend présent dans Procès cette dimension du groupe "Critique du droit".

Pour sa par, J. Poumarède marque un anniversaire, celui de la création en décembre 1880 du cours obligatoire et annuel d'"histoire générale du droit français". L'historien de Toulouse poursuit ainsi les travaux de notre groupe sur l'enseignement du droit et commence une réflexion historiographique qui devrait avoir des suites.

Enfin, F. Soubiran présente une étude sur les "Difficultés d'exercice du droit à accéder à la justice pour les travailleurs étrangers". Elle permet de confirmer ce que Goutelas I (20-22 septembre 1978) avait déjà largement fait admettre, à savoir que l'opposition entre les praticiens et les théoriciens n'a pas de sens. Voici un article tiré d'une expérience pratique et qui nourrit la réflexion sur l'ineffectivité du droit et le sujet juridique.

Au total, ce numéro 6 de Procès cherche à tenir le pari du groupe 'Critique du droit" : travailler sur les présupposés du politico-juridique, approfondir les recherches théoriques, ouvrir un large débat sur le droit dans les formations sociales et forger les concepts sans lesquels il ne saurait y aoir de compréhension et de transformation de nos sociétés."

Source : Jean-Jacques Gleizal "Présentation du numéro", Procès: cahiers d'analyse politique et juridique, 1980, n°6, pp. [5]-6