Les juristes universitaires francophones et les progrès de la justice au Québec
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[Intoduction] Les professeurs de droit font partie d'une communauté professionnelle, celle des juristes, et participent d'un champ d'action, celui du droit, qui s'étendent bien au-delà de la sphère universitaire. Ils partagent avec tous les autres juristes cet habitus mental qui porte à croire sincèrement, ou au moins à faire profession de croire, que le droit est un vecteur important sinon l'instrument par excellence de la marche d'une société vers la justice. Solidaires de cette croyance collective, les professeurs de droit se réclament toutefois d'une manière universitaire de mobiliser le droit au service de la justice. Parmi bien d'autres dimensions de l'évolution des rapports entre le droit et la justice au Québec, nous considérerons dans le présent texte trois mouvements historiques à l'intérieur desquels nous essaierons de caractériser l'apport des juristes universitaires francophones. Le premier mouvement est celui de la décolonisation de la culture juridique québécoise. Il prend racine au milieu du xixe siècle et n'a pas cessé de s'affirmer depuis. Le deuxième mouvement est celui de l’autonomisation de la doctrine comme source de droit. Il commence dans les premières décennies du xxe siècle et s'accélère considérablement à partir de 1950. Enfin, le troisième mouvement est celui de la critique du droit qui surgit au début des années 70 et prend aujourd'hui des modalités nouvelles.
En l'absence d'une histoire du droit et de la culture juridique qui fourniraient des points de repère précis, notre réflexion ne repose en vérité que sur des intuitions générales. Nous espérons néanmoins parvenir à mettre en évidence quelques jalons de la contribution des universitaires à trois mouvements historiques qui nous paraissent avoir été favorables aux efforts de la société québécoise pour réaliser la justice à travers le droit.
Date de publication
Citation bibliographique
BELLEY, J.-G. Les juristes universitaires francophones et les progrès de la justice au Québec. Les Cahiers de droit, 2001, vol. 42, n° 3, p. 563-570