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Le choix d’illustrer le site par les moutons de l’affiche de l’Atelier des Beaux-Arts de Paris en mai 1968, outre qu’elle est libre de droits, est une évocation du contexte politique et social duquel a émergé le mouvement Critique du droit. Mu.es par un projet de rénovation de la science et de la pédagogie juridiques, les membres fondateurs de Critique du droit entendaient contribuer aux évolutions en cours dans l’enseignement supérieur (loi E. Faure, n°68-978 du 12 novembre 1968) par une démocratisation des pratiques mais surtout par une ouverture des facultés de droit aux grands débats de société. Si la massification de l’accès à l’enseignement supérieur, à l’œuvre depuis le début du XXe siècle, avait contraint les facultés de droit à sortir de l’entre-soi dans lequel se développaient les études juridiques, cette ouverture restait encore largement à faire. Critique du droit a donc proposé de nouveaux espaces de réflexion pédagogique et scientifique, par la revue procès. Cahiers d’analyse politique et juridique, par les (contre-) manuels de droit de la collection Critique du droit, ainsi que par les séminaires organisés à Goutelas. Mais si un vent d’air frais a soufflé sur les facultés de droit à partir de ces différentes initiatives, force est de constater qu’à l’image d’autres tentatives de rénovation (centre expérimental de Vincennes), la révolution pédagogique n’a pas complètement porté ses fruits. Dans un article consacré à la transmission du savoir juridique (à propos des contre-manuels de droit), A.-J. Arnaud posait dès 1980 la question de la place des acteurs de ce processus dans le système juridique ; l’ambiguïté de ceux qui doivent transmettre le savoir juridique tiendrait à l’impossibilité de modifier le système de l’intérieur : on peut certes le réformer, mais ce faisant on le consolide[1]. Retour à la normale …
[1] A.-J. Arnaud, « La transmission des savoirs juridiques », procès. Cahiers d’analyse politique et juridique, 1980-5, p.50.